Un an de retard pour le futur missile de dissuasion nucléaire américain
Un an de retard pour le futur missile de dissuasion nucléaire américain
© Northrop Grumman

publié le 14 juin 2023 à 15:46

648 mots

Un an de retard pour le futur missile de dissuasion nucléaire américain

Selon l’évaluation annuelle des systèmes d’armes américains réalisée par l’U.S. Government Accountability Office (GAO) le programme de développement du futur missile balistique intercontinental américain accuserait un retard d’une année.


Le programme Sentinel : le renouvellement du système ICBM américain 

Le programme LGM-35A Sentinel est un projet de l’armée de l’air américaine (U.S. Air Force ou USAF) destiné à remplacer le système de missiles balistiques intercontinentaux (aussi appelé ICBM) Minuteman III de Boeing. Selon le bureau du programme, Sentinel a la lourde tâche de remplacer totalement les quelque 400 missiles, 450 silos et plus de 600 installations du système d’ICBM (portée supérieure à 5500 km)  actuel, dans la perspective de moderniser les capacités de dissuasion nucléaire et de tirs à longue distance américaines. 

Originellement appelé Ground Based Strategic Deterrent (dissuasion stratégique basée au sol), le programme Sentinel comprend donc le développement d’un nouveau missile et de nouveaux systèmes de commandement et de contrôle, ainsi que la modernisation des infrastructures qui accueillent aujourd'hui le MMIII. Le LGM-35A est un élément déterminant de la triade nucléaire américaine, puisqu’il en représente le volet terrestre. Il est aussi conçu selon une architecture de systèmes ouverte pour permettre sa modernisation continue tout au long de sa vie.

État d’avancement du programme 

Selon l’évaluation annuelle des systèmes d’armes réalisée par l’U.S. Government Accountability Office (GAO), « sur les 18 technologies critiques de Sentinel, trois sont arrivées à maturité, 14 sont proches de la maturité et une est immature ».  Les essais de développement du nouveau moteur-fusée ont notamment été réalisés avec succès. 

Quant au planning de Sentinel, les dates suivantes sont indiquées par le GAO 

  • année 2024 : le premier vol
  • année 2025 : les essais fonctionnels complets
  • 2026 : la date envisagée actuellement pour le début de la production (une fois que l’ensemble des 18 technologies du programme seront à maturité).
  • 2029 : la fin des tests opérationnels
  • entre avril et juin 2030 : capacité opérationnelle initiale (IOC) du missile

Malgré un travail réalisé en étroite collaboration avec la marine et plusieurs autres programmes interdépendants de l'armée de l'air et du ministère de l’énergie visant à produire une nouvelle ogive, un véhicule de rentrée et des fusées, la date de 2030 indique que l’IOC du missile accuserait une année de retard. Elle était à l'origine prévue pour le mois de juin 2029.

Les indications du GAO sur les retards de Sentinel

Le GAO identifie dans un premier temps un risque « d'augmentation des coûts et du calendrier à un stade ultérieur du programme », car celui-ci est entré en phase de développement sans attendre la pleine maturité de ses technologies essentielles. Toujours selon l’évaluation annuelle des systèmes d’armes (Weapon Systems Annual Assessment), le programme Sentinel a pris du retard en raison « d'un manque de personnel, de retards dans le traitement des autorisations et de problèmes liés à l'infrastructure des technologies de l'information classifiée ». 

Le programme fait aussi face à des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement entraînant des retards supplémentaires. Le rapport du GAO indique à ce sujet, que Northrop Grumman, maître d’œuvre du LGM-35A, travaille actuellement sur plusieurs mesures d'atténuation des problématiques liées à la chaîne d’approvisionnement afin de répondre de poursuivre le développement du système d'ICBM sans accrocs. Néanmoins le bureau du programme considère que le calendrier directeur de Sentinel présente de nombreuses lacunes. Son utilisation comme base de référence pour une exécution efficace du programme semble dès lors contrariée. Un examen de « haut niveau » serait en cours, de même que des discussions concernant d’éventuelles modifications du calendrier. 

Commentaires
14/06/2023 15:46
648 mots

Un an de retard pour le futur missile de dissuasion nucléaire américain

Selon l’évaluation annuelle des systèmes d’armes américains réalisée par l’U.S. Government Accountability Office (GAO) le programme de développement du futur missile balistique intercontinental américain accuserait un retard d’une année.

Un an de retard pour le futur missile de dissuasion nucléaire américain
Un an de retard pour le futur missile de dissuasion nucléaire américain

Le programme Sentinel : le renouvellement du système ICBM américain 

Le programme LGM-35A Sentinel est un projet de l’armée de l’air américaine (U.S. Air Force ou USAF) destiné à remplacer le système de missiles balistiques intercontinentaux (aussi appelé ICBM) Minuteman III de Boeing. Selon le bureau du programme, Sentinel a la lourde tâche de remplacer totalement les quelque 400 missiles, 450 silos et plus de 600 installations du système d’ICBM (portée supérieure à 5500 km)  actuel, dans la perspective de moderniser les capacités de dissuasion nucléaire et de tirs à longue distance américaines. 

Originellement appelé Ground Based Strategic Deterrent (dissuasion stratégique basée au sol), le programme Sentinel comprend donc le développement d’un nouveau missile et de nouveaux systèmes de commandement et de contrôle, ainsi que la modernisation des infrastructures qui accueillent aujourd'hui le MMIII. Le LGM-35A est un élément déterminant de la triade nucléaire américaine, puisqu’il en représente le volet terrestre. Il est aussi conçu selon une architecture de systèmes ouverte pour permettre sa modernisation continue tout au long de sa vie.

État d’avancement du programme 

Selon l’évaluation annuelle des systèmes d’armes réalisée par l’U.S. Government Accountability Office (GAO), « sur les 18 technologies critiques de Sentinel, trois sont arrivées à maturité, 14 sont proches de la maturité et une est immature ».  Les essais de développement du nouveau moteur-fusée ont notamment été réalisés avec succès. 

Quant au planning de Sentinel, les dates suivantes sont indiquées par le GAO 

  • année 2024 : le premier vol
  • année 2025 : les essais fonctionnels complets
  • 2026 : la date envisagée actuellement pour le début de la production (une fois que l’ensemble des 18 technologies du programme seront à maturité).
  • 2029 : la fin des tests opérationnels
  • entre avril et juin 2030 : capacité opérationnelle initiale (IOC) du missile

Malgré un travail réalisé en étroite collaboration avec la marine et plusieurs autres programmes interdépendants de l'armée de l'air et du ministère de l’énergie visant à produire une nouvelle ogive, un véhicule de rentrée et des fusées, la date de 2030 indique que l’IOC du missile accuserait une année de retard. Elle était à l'origine prévue pour le mois de juin 2029.

Les indications du GAO sur les retards de Sentinel

Le GAO identifie dans un premier temps un risque « d'augmentation des coûts et du calendrier à un stade ultérieur du programme », car celui-ci est entré en phase de développement sans attendre la pleine maturité de ses technologies essentielles. Toujours selon l’évaluation annuelle des systèmes d’armes (Weapon Systems Annual Assessment), le programme Sentinel a pris du retard en raison « d'un manque de personnel, de retards dans le traitement des autorisations et de problèmes liés à l'infrastructure des technologies de l'information classifiée ». 

Le programme fait aussi face à des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement entraînant des retards supplémentaires. Le rapport du GAO indique à ce sujet, que Northrop Grumman, maître d’œuvre du LGM-35A, travaille actuellement sur plusieurs mesures d'atténuation des problématiques liées à la chaîne d’approvisionnement afin de répondre de poursuivre le développement du système d'ICBM sans accrocs. Néanmoins le bureau du programme considère que le calendrier directeur de Sentinel présente de nombreuses lacunes. Son utilisation comme base de référence pour une exécution efficace du programme semble dès lors contrariée. Un examen de « haut niveau » serait en cours, de même que des discussions concernant d’éventuelles modifications du calendrier. 



Commentaires