Non, il n'y a pas eu de bombe nucléaire endommagée aux Pays-Bas
Non, il n'y a pas eu de bombe nucléaire endommagée aux Pays-Bas
© LANL

publié le 04 avril 2023 à 19:15

597 mots

Non, il n'y a pas eu de bombe nucléaire endommagée aux Pays-Bas

Une image semble avoir semé le doute sur les réseaux sociaux : concrètement, le Pentagone a confirmé qu'il n'y a eu aucun incident concernant une bombe nucléaire tactique B61. La bombe nucléaire "endommagée", visible sur l'image, est en réalité une copie factice utilisée dans le cadre d'un entrainement sur la base aérienne de Volkel, aux Pays-Bas.


Une image à la une

Dans le cadre d'une présentation en 2022, un étudiant du Los Alamos National Laboratory (LANL) parlait des accidents dans le cadre du nucléaire. Cette présentation, disponible en ligne (lien), utilise dans un chapitre sur les accidents nucléaires possibles, à la p.43, une image qui fait actuellement la une des réseaux sociaux. Certains n'hésitent pas à publier une légende : "accident autour d'une bombe nucléaire américaine aux Pays-Bas".

Base aérienne de Volkel

L'image publiée permet de confirmer la géolocalisation de l'image ; il s'agit d'un des hangars protégés de la base aérienne de Volkel (Brabant-du-Nord, Pays-Bas). En regardant le mur et le toit de l'image, il est possible de comparer la structure de la photo utilisée dans le PowerPoint avec une photo publiée le 2 décembre 2022. Elle a été publiée par le lieutenant général Dennis Luyt, le commandant de la Force aérienne hollandaise suite à un vol de la princesse d'Orange Catharina-Amalia des Pays-Bas.

Analyse du hangar protégé où la manipulation de la B61 est effectuée.
Analyse du hangar protégé où la manipulation de la B61 est effectuée. © Air&Cosmos, LANL
Analyse du hangar protégé où la manipulation de la B61 est effectuée.
Comparaison avec le hangar protégé visité par la Princesse d'Orange en 2022.
Comparaison avec le hangar protégé visité par la Princesse d'Orange en 2022. © Air&Cosmos, @dennisluyt
Comparaison avec le hangar protégé visité par la Princesse d'Orange en 2022.

Il est possible qu’un message annonce que ce tweet comprend des contenus potentiellement sensibles. Il s’agit simplement d’une visite princière et d’un vol sur F-16 de la Princesse héritière des Pays-Bas sur la base aérienne de Volkel.

Un entrainement

Au départ, et comme à son habitude en ce qui concerne la dissuasion nucléaire, le Pentagone s'est refusé à tout commentaire. Cependant, au vu de l'ampleur que cette image prenait sur les réseaux sociaux, Oscar P. Seára, un des porte-paroles du Pentagone, a confirmé qu'il ne s'agissait que d'un entrainement :

"Nous sommes au courant de la publication d'une photo de personnels militaires inspectant une bombe nucléaire B-61 endommagée suite à un accident sur une base de l'OTAN. C'est absolument faux." Il a également ajouté que l'image en question ne représente qu'un entrainement de routine avec une arme d'entrainement inactive.

Une B61 d'entrainement endommagée

La B61 d'entrainement est visible avec un aileron manquant et un coup sur sa partie arrière (image ci-dessous, pointillés rouge). Il s'agit donc d'une ogive factice "endommagée" et utilisée pour les besoins d'un exercice. Elle permet aux personnels militaires de s'entrainer à manier de telles munitions en cas d'accident. L'image montre qu'un charriot élévateur est en train de soulever la partie arrière de la bombe. Cette partie comprend les systèmes de navigations et en l'enlevant, les techniciens peuvent accéder aux différents capteurs internes de la B61 ainsi que le système de mise à feu.

Manipulation de la B61 factice. La partie détachée comprend le système de navigation et permet ainsi aux mécaniciens d'atteindre les capteurs ou le système de mise à feu.
Manipulation de la B61 factice. La partie détachée comprend le système de navigation et permet ainsi aux mécaniciens d'atteindre les capteurs ou le système de mise à feu. © Air&Cosmos, LANL
Manipulation de la B61 factice. La partie détachée comprend le système de navigation et permet ainsi aux mécaniciens d'atteindre les capteurs ou le système de mise à feu.

Partage nucléaire de l'OTAN

Aujourd'hui, cinq pays européens disposent de capacités d’accueil de bombes nucléaires tactiques B61 américaines ;

  • La Belgique, sur la base de Kleine Brogel,
  • L'Allemagne, sur la base de Büchel,
  • L'Italie, sur les bases d'Aviano et de Ghedi Torre,
  • Les Pays-Bas, sur la base de Volkel,
  • La Turquie, sur la base d'Incirlik.

En cas de besoin et sur la seule autorisation du Président des États-Unis, ces bombes peuvent être placées sur des avions de combat F-16 Fighting Falcon, Tornado ou F-35 Lightning II aux capacités duales (emport de munitions classiques ou nucléaires) des forces aériennes des pays hôtes. Les avions sont alors placés sous commandement de l'OTAN afin de frapper des cibles déterminées. Chaque année, les différentes composantes aériennes des pays participants à ce partage, ainsi que d'autres forces aériennes de pays membres de l'OTAN, s'entrainent durant deux semaines. Baptisé Steadfast Noon, cet exercice, simule des frappes nucléaires de bombes B61 stockées en Europe (plus d'infos dans cet article).

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04/04/2023 19:15
597 mots

Non, il n'y a pas eu de bombe nucléaire endommagée aux Pays-Bas

Une image semble avoir semé le doute sur les réseaux sociaux : concrètement, le Pentagone a confirmé qu'il n'y a eu aucun incident concernant une bombe nucléaire tactique B61. La bombe nucléaire "endommagée", visible sur l'image, est en réalité une copie factice utilisée dans le cadre d'un entrainement sur la base aérienne de Volkel, aux Pays-Bas.

Non, il n'y a pas eu de bombe nucléaire endommagée aux Pays-Bas
Non, il n'y a pas eu de bombe nucléaire endommagée aux Pays-Bas

Une image à la une

Dans le cadre d'une présentation en 2022, un étudiant du Los Alamos National Laboratory (LANL) parlait des accidents dans le cadre du nucléaire. Cette présentation, disponible en ligne (lien), utilise dans un chapitre sur les accidents nucléaires possibles, à la p.43, une image qui fait actuellement la une des réseaux sociaux. Certains n'hésitent pas à publier une légende : "accident autour d'une bombe nucléaire américaine aux Pays-Bas".

Base aérienne de Volkel

L'image publiée permet de confirmer la géolocalisation de l'image ; il s'agit d'un des hangars protégés de la base aérienne de Volkel (Brabant-du-Nord, Pays-Bas). En regardant le mur et le toit de l'image, il est possible de comparer la structure de la photo utilisée dans le PowerPoint avec une photo publiée le 2 décembre 2022. Elle a été publiée par le lieutenant général Dennis Luyt, le commandant de la Force aérienne hollandaise suite à un vol de la princesse d'Orange Catharina-Amalia des Pays-Bas.

Analyse du hangar protégé où la manipulation de la B61 est effectuée.
Analyse du hangar protégé où la manipulation de la B61 est effectuée. © Air&Cosmos, LANL
Analyse du hangar protégé où la manipulation de la B61 est effectuée.
Comparaison avec le hangar protégé visité par la Princesse d'Orange en 2022.
Comparaison avec le hangar protégé visité par la Princesse d'Orange en 2022. © Air&Cosmos, @dennisluyt
Comparaison avec le hangar protégé visité par la Princesse d'Orange en 2022.

Il est possible qu’un message annonce que ce tweet comprend des contenus potentiellement sensibles. Il s’agit simplement d’une visite princière et d’un vol sur F-16 de la Princesse héritière des Pays-Bas sur la base aérienne de Volkel.

Un entrainement

Au départ, et comme à son habitude en ce qui concerne la dissuasion nucléaire, le Pentagone s'est refusé à tout commentaire. Cependant, au vu de l'ampleur que cette image prenait sur les réseaux sociaux, Oscar P. Seára, un des porte-paroles du Pentagone, a confirmé qu'il ne s'agissait que d'un entrainement :

"Nous sommes au courant de la publication d'une photo de personnels militaires inspectant une bombe nucléaire B-61 endommagée suite à un accident sur une base de l'OTAN. C'est absolument faux." Il a également ajouté que l'image en question ne représente qu'un entrainement de routine avec une arme d'entrainement inactive.

Une B61 d'entrainement endommagée

La B61 d'entrainement est visible avec un aileron manquant et un coup sur sa partie arrière (image ci-dessous, pointillés rouge). Il s'agit donc d'une ogive factice "endommagée" et utilisée pour les besoins d'un exercice. Elle permet aux personnels militaires de s'entrainer à manier de telles munitions en cas d'accident. L'image montre qu'un charriot élévateur est en train de soulever la partie arrière de la bombe. Cette partie comprend les systèmes de navigations et en l'enlevant, les techniciens peuvent accéder aux différents capteurs internes de la B61 ainsi que le système de mise à feu.

Manipulation de la B61 factice. La partie détachée comprend le système de navigation et permet ainsi aux mécaniciens d'atteindre les capteurs ou le système de mise à feu.
Manipulation de la B61 factice. La partie détachée comprend le système de navigation et permet ainsi aux mécaniciens d'atteindre les capteurs ou le système de mise à feu. © Air&Cosmos, LANL
Manipulation de la B61 factice. La partie détachée comprend le système de navigation et permet ainsi aux mécaniciens d'atteindre les capteurs ou le système de mise à feu.

Partage nucléaire de l'OTAN

Aujourd'hui, cinq pays européens disposent de capacités d’accueil de bombes nucléaires tactiques B61 américaines ;

  • La Belgique, sur la base de Kleine Brogel,
  • L'Allemagne, sur la base de Büchel,
  • L'Italie, sur les bases d'Aviano et de Ghedi Torre,
  • Les Pays-Bas, sur la base de Volkel,
  • La Turquie, sur la base d'Incirlik.

En cas de besoin et sur la seule autorisation du Président des États-Unis, ces bombes peuvent être placées sur des avions de combat F-16 Fighting Falcon, Tornado ou F-35 Lightning II aux capacités duales (emport de munitions classiques ou nucléaires) des forces aériennes des pays hôtes. Les avions sont alors placés sous commandement de l'OTAN afin de frapper des cibles déterminées. Chaque année, les différentes composantes aériennes des pays participants à ce partage, ainsi que d'autres forces aériennes de pays membres de l'OTAN, s'entrainent durant deux semaines. Baptisé Steadfast Noon, cet exercice, simule des frappes nucléaires de bombes B61 stockées en Europe (plus d'infos dans cet article).



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