Les États-Unis et le Royaume-Uni frappent les Houthis au Yémen
Les États-Unis et le Royaume-Uni frappent les Houthis au Yémen
© RAF

publié le 12 janvier 2024 à 03:57

1061 mots

Les États-Unis et le Royaume-Uni frappent les Houthis au Yémen

Dans la nuit du 11 au 12 janvier, les États-Unis et le Royaume-Uni ont effectué des frappes contre des cibles houthies au Yémen. Plusieurs types de navires et avions étaient déployés pour cette opération qui a permis de détruire des sites de lancement de drones, de missiles, des dépôts ou encore des radars. Cette opération est aussi limitée malgré les destructions car les différents moyens déployés n’étaient pas utilisés à leur plein potentiel : l'avertissement a été donné.


Frappes anglaises et américaines

Depuis plusieurs mois, les rebelles houthis du Yémen ont attaqué ou même saisi des navires dans le détroit de Bab-el-Mandeb ou en mer Rouge. Des bâtiments de guerre de plusieurs marines, en ce compris de l'US Navy ou encore de la Marine nationale, ont notamment fait la une de l'actualité pour avoir intercepté divers drones et missiles houthis. Cependant, malgré des avertissements de plusieurs pays, ces attaques ont continué et ce, encore récemment

Le 12 janvier au matin (11 janvier aux États-Unis), un communiqué de Joe Biden, président des États-Unis, confirme que dans la nuit du 11 au 12 janvier (11 janvier aux USA), les États-Unis et le Royaume-Uni, appuyés par l'Australie, le royaume du Bahreïn, le Canada et les Pays-Bas, ont lancé avec succès des frappes sur plusieurs cibles houthies situées au Yémen. D'après CNN, ces cibles étaient notamment des centres d'entrainement, des postes radars, aéroports/aérodromes ou encore des stocks de missiles. D'ailleurs, vers une heure du matin (heure de Paris), de nombreuses vidéos ont commencé à être publiées sur les réseaux sociaux, confirmant les frappes.

Moyens maritimes employés

CNN a aussi précisé que d'après le Département de la Défense américain (DoD), des moyens aériens, de surface et sous-marins avaient été utilisés dans cette attaque. Le 10 janvier, soit la veille de cette frappe, l'US Navy et la Royal Navy alignaient de nombreux navires au large du Yémen :

  • 1 porte-avions de la classe Nimitz (USS Dwight D. Eisenhower, CVN-69) et plus de 60 avions de combat F/A-18E/F Super Hornet, avions de guerre électronique EA-18G Growler, avions de guet aérien avancé et de commandement (AEW&C) E-2D Advanced Hawkeye et hélicoptères maritimes MH-60R et de lutte anti-sous-marine/de surface MH-60S Seahawk,
  • 1 croiseur lance-missiles de la classe Ticonderoga (USS Philippine Sea, CG-58),
  • 2 destroyers lance-missiles de la classe Arleigh Burke IIA, à savoir l'USS Mason (DDG-87) et l'USS Gravely (DDG-107).
Le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69) durant un entrainement avant son déploiement (27 juin 2023).
Le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69) durant un entrainement avant son déploiement (27 juin 2023). © US Navy
Le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69) durant un entrainement avant son déploiement (27 juin 2023).

Ces quatre navires représentent l'escadre du porte-avions USS Dwight D. Eisenhower (Carrier Strike Group 2, CSG 2). Trois autres navires, ne faisant pas partie de cette escadre, étaient également présents dans la région :

  • 1 destroyer lance-missiles anglais de la classe Daring/Type 45 (HMS Diamond, D34)
  • 1 frégate anti-sous-marine anglaise de la classe Duke/Type 23 (HMS Lancaster, F-229)
  • 1 destroyer lance-missiles américain de la classe Arleigh Burke I (USS Carney, DDG-64). Ce dernier se trouvait dans le golfe Persique mais grâce à la portée conséquente du missile Tomahawk, il pouvait tout à fait tirer ses missiles vers le Yémen. Ce destroyer peut même détruire des cibles situées en Éthiopie ou encore en Somalie, bien au-delà donc du Yémen.

Enfin, les moyens sous-marins sont pour l'instant inconnus. En revanche, le 5 novembre 2023, le Commandement Central (CENTCOM) avait annoncé l'arrivée dans sa zone de responsabilité du sous-marin à propulsion nucléaire lanceur d'engin USS Florida (SSGN-728, classe Ohio). Ce sous-marin fait partie des 4 sous-marins de la classe Ohio à avoir été modifié. Ils ne sont plus capables de lancer des missiles stratégiques mais peuvent accueillir des forces spéciales mais aussi et surtout, lancer jusqu'à 154 missiles mer-sol UGM-109 TLAM (Tomahawk Land Attack Missile) et dont la portée est estimée à 1.600 kilomètres.

La Royal Air Force dans les airs

La Royal Air Force a quant à elle monté un raid aérien depuis la base aérienne anglaise d'Akrotiri à Chypre. Au total, quatre avions de combat Typhoon FGR4 et un ravitailleur Voyager ont pris la direction du Yémen. Les avions de combat ont alors largués des bombes guidées Paveway IV sur deux installations houthies. Le communiqué de presse anglais précise la nature des deux sites :

  • Un premier site se trouvait à Bani, au nord-ouest du Yémen et était utilisé pour lancer des drones de reconnaissance et de combat. Plusieurs bâtiments ont été ciblés.
  • Le second site était le petit aéroport d'Abbs, également au nord-ouest du Yémen et était utilisé pour lancer des drones et des missiles de croisières vers la mer Rouge.

Des frappes limitées et une démonstration de force

Si les navires anglais ont des capacités mer-sol limitées, il faut rappeler que les navires de surface américains identifiés précédemment cumulent un mix de 404 missiles différents aux capacités variées (antiaérien, anti-missile balistique, antinavire, frappe terrestre ou encore anti-sous-marin). Ce nombre important de missiles s'explique par l'emport de cellules de lancement verticale Mk 41 VLS, comme expliqué dans cet article. À ces différents 404 missiles, qui ne sont donc pas tous mer-sol, il faut ensuite ajouter les 154 Tomahawk mer-sol du sous-marin USS Florida. Enfin, l'aéronavale américaine et au moins un avion de reconnaissance de l’US Air Force ont aussi pris part à cette action. Il n’empêche, avec une quinzaine de Super Hornet et Growler déployés, le groupe aérien embarqué du porte-avions n’est également pas utilisé à son plein potentiel.

De fait, les Houthis ont surtout eu un avant-gout des capacités de destruction de la coalition. Il reste à voir si l'opération de cette nuit aura pour effet la fin des attaques houthies en mer Rouge et dans le détroit de Bab-el-Mandeb ? Il est en revanche fort probable que des milices soutenant les Houthis lancent des roquettes et missiles sur des bases américaines au Moyen-Orient. Cependant, ces bases comprennent désormais des systèmes anti-aériens et anti-missiles divers et variés, en ce compris des Patriot, grâce au pont aérien effectué par l'US Air Force au début de la crise actuelle entre Israël et le Hamas.

Article modifié le 12 janvier 2024 à 18h34 avec l'ajout du lien concernant le rôle des avions de l'aéronavale américaine.

Vue d'un Multiple-All-Up-Round Canisters du sous-marin USS Florida (SSGN) durant un tir de missile Tomahawk (15 mai 2007).
Vue d'un Multiple-All-Up-Round Canisters du sous-marin USS Florida (SSGN) durant un tir de missile Tomahawk (15 mai 2007). © US Navy
Vue d'un Multiple-All-Up-Round Canisters du sous-marin USS Florida (SSGN) durant un tir de missile Tomahawk (15 mai 2007).
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12/01/2024 03:57
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Les États-Unis et le Royaume-Uni frappent les Houthis au Yémen

Dans la nuit du 11 au 12 janvier, les États-Unis et le Royaume-Uni ont effectué des frappes contre des cibles houthies au Yémen. Plusieurs types de navires et avions étaient déployés pour cette opération qui a permis de détruire des sites de lancement de drones, de missiles, des dépôts ou encore des radars. Cette opération est aussi limitée malgré les destructions car les différents moyens déployés n’étaient pas utilisés à leur plein potentiel : l'avertissement a été donné.

Les États-Unis et le Royaume-Uni frappent les Houthis au Yémen
Les États-Unis et le Royaume-Uni frappent les Houthis au Yémen

Frappes anglaises et américaines

Depuis plusieurs mois, les rebelles houthis du Yémen ont attaqué ou même saisi des navires dans le détroit de Bab-el-Mandeb ou en mer Rouge. Des bâtiments de guerre de plusieurs marines, en ce compris de l'US Navy ou encore de la Marine nationale, ont notamment fait la une de l'actualité pour avoir intercepté divers drones et missiles houthis. Cependant, malgré des avertissements de plusieurs pays, ces attaques ont continué et ce, encore récemment

Le 12 janvier au matin (11 janvier aux États-Unis), un communiqué de Joe Biden, président des États-Unis, confirme que dans la nuit du 11 au 12 janvier (11 janvier aux USA), les États-Unis et le Royaume-Uni, appuyés par l'Australie, le royaume du Bahreïn, le Canada et les Pays-Bas, ont lancé avec succès des frappes sur plusieurs cibles houthies situées au Yémen. D'après CNN, ces cibles étaient notamment des centres d'entrainement, des postes radars, aéroports/aérodromes ou encore des stocks de missiles. D'ailleurs, vers une heure du matin (heure de Paris), de nombreuses vidéos ont commencé à être publiées sur les réseaux sociaux, confirmant les frappes.

Moyens maritimes employés

CNN a aussi précisé que d'après le Département de la Défense américain (DoD), des moyens aériens, de surface et sous-marins avaient été utilisés dans cette attaque. Le 10 janvier, soit la veille de cette frappe, l'US Navy et la Royal Navy alignaient de nombreux navires au large du Yémen :

  • 1 porte-avions de la classe Nimitz (USS Dwight D. Eisenhower, CVN-69) et plus de 60 avions de combat F/A-18E/F Super Hornet, avions de guerre électronique EA-18G Growler, avions de guet aérien avancé et de commandement (AEW&C) E-2D Advanced Hawkeye et hélicoptères maritimes MH-60R et de lutte anti-sous-marine/de surface MH-60S Seahawk,
  • 1 croiseur lance-missiles de la classe Ticonderoga (USS Philippine Sea, CG-58),
  • 2 destroyers lance-missiles de la classe Arleigh Burke IIA, à savoir l'USS Mason (DDG-87) et l'USS Gravely (DDG-107).
Le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69) durant un entrainement avant son déploiement (27 juin 2023).
Le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69) durant un entrainement avant son déploiement (27 juin 2023). © US Navy
Le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69) durant un entrainement avant son déploiement (27 juin 2023).

Ces quatre navires représentent l'escadre du porte-avions USS Dwight D. Eisenhower (Carrier Strike Group 2, CSG 2). Trois autres navires, ne faisant pas partie de cette escadre, étaient également présents dans la région :

  • 1 destroyer lance-missiles anglais de la classe Daring/Type 45 (HMS Diamond, D34)
  • 1 frégate anti-sous-marine anglaise de la classe Duke/Type 23 (HMS Lancaster, F-229)
  • 1 destroyer lance-missiles américain de la classe Arleigh Burke I (USS Carney, DDG-64). Ce dernier se trouvait dans le golfe Persique mais grâce à la portée conséquente du missile Tomahawk, il pouvait tout à fait tirer ses missiles vers le Yémen. Ce destroyer peut même détruire des cibles situées en Éthiopie ou encore en Somalie, bien au-delà donc du Yémen.

Enfin, les moyens sous-marins sont pour l'instant inconnus. En revanche, le 5 novembre 2023, le Commandement Central (CENTCOM) avait annoncé l'arrivée dans sa zone de responsabilité du sous-marin à propulsion nucléaire lanceur d'engin USS Florida (SSGN-728, classe Ohio). Ce sous-marin fait partie des 4 sous-marins de la classe Ohio à avoir été modifié. Ils ne sont plus capables de lancer des missiles stratégiques mais peuvent accueillir des forces spéciales mais aussi et surtout, lancer jusqu'à 154 missiles mer-sol UGM-109 TLAM (Tomahawk Land Attack Missile) et dont la portée est estimée à 1.600 kilomètres.

La Royal Air Force dans les airs

La Royal Air Force a quant à elle monté un raid aérien depuis la base aérienne anglaise d'Akrotiri à Chypre. Au total, quatre avions de combat Typhoon FGR4 et un ravitailleur Voyager ont pris la direction du Yémen. Les avions de combat ont alors largués des bombes guidées Paveway IV sur deux installations houthies. Le communiqué de presse anglais précise la nature des deux sites :

  • Un premier site se trouvait à Bani, au nord-ouest du Yémen et était utilisé pour lancer des drones de reconnaissance et de combat. Plusieurs bâtiments ont été ciblés.
  • Le second site était le petit aéroport d'Abbs, également au nord-ouest du Yémen et était utilisé pour lancer des drones et des missiles de croisières vers la mer Rouge.

Des frappes limitées et une démonstration de force

Si les navires anglais ont des capacités mer-sol limitées, il faut rappeler que les navires de surface américains identifiés précédemment cumulent un mix de 404 missiles différents aux capacités variées (antiaérien, anti-missile balistique, antinavire, frappe terrestre ou encore anti-sous-marin). Ce nombre important de missiles s'explique par l'emport de cellules de lancement verticale Mk 41 VLS, comme expliqué dans cet article. À ces différents 404 missiles, qui ne sont donc pas tous mer-sol, il faut ensuite ajouter les 154 Tomahawk mer-sol du sous-marin USS Florida. Enfin, l'aéronavale américaine et au moins un avion de reconnaissance de l’US Air Force ont aussi pris part à cette action. Il n’empêche, avec une quinzaine de Super Hornet et Growler déployés, le groupe aérien embarqué du porte-avions n’est également pas utilisé à son plein potentiel.

De fait, les Houthis ont surtout eu un avant-gout des capacités de destruction de la coalition. Il reste à voir si l'opération de cette nuit aura pour effet la fin des attaques houthies en mer Rouge et dans le détroit de Bab-el-Mandeb ? Il est en revanche fort probable que des milices soutenant les Houthis lancent des roquettes et missiles sur des bases américaines au Moyen-Orient. Cependant, ces bases comprennent désormais des systèmes anti-aériens et anti-missiles divers et variés, en ce compris des Patriot, grâce au pont aérien effectué par l'US Air Force au début de la crise actuelle entre Israël et le Hamas.

Article modifié le 12 janvier 2024 à 18h34 avec l'ajout du lien concernant le rôle des avions de l'aéronavale américaine.

Vue d'un Multiple-All-Up-Round Canisters du sous-marin USS Florida (SSGN) durant un tir de missile Tomahawk (15 mai 2007).
Vue d'un Multiple-All-Up-Round Canisters du sous-marin USS Florida (SSGN) durant un tir de missile Tomahawk (15 mai 2007). © US Navy
Vue d'un Multiple-All-Up-Round Canisters du sous-marin USS Florida (SSGN) durant un tir de missile Tomahawk (15 mai 2007).


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