L'Inde peut acheter 31 drones MQ-9B pour 3,9 milliards $
L'Inde peut acheter 31 drones MQ-9B pour 3,9 milliards $
© GA-ASI, Gaétan Powis

publié le 02 février 2024 à 19:28

906 mots

L'Inde peut acheter 31 drones MQ-9B pour 3,9 milliards $

Les États-Unis viennent d’autoriser l’Inde à acheter pas moins de 31 nouveaux drones de moyenne altitude et de longue endurance MQ-9B. L’Armée de terre indienne recevrait alors 8 MQ-9B SkyGuardian, de même que la Force aérienne indienne. La Marine indienne, suite aux nombreuses tensions maritimes dans la région, se taille la plus grosse part du contrat, avec pas moins de 15 MQ-9B SeaGuardian.


Le MQ-9B prochainement en Inde

Le 1er février, la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) a annoncé que l'Inde pouvait acheter jusqu'à 31 drones de moyenne altitude et de longue endurance (MALE) MQ-9B auprès de General Atomics Aeronautical Systems (GA-ASI). Des munitions sont également listées dans le communiqué de presse de la DSCA ;

  • un maximum de 170 missiles antichars AGM-114R Hellfire II, 16 M36E9 Hellfire Captive Air Training Missiles (CATM), soit des Hellfire d'entrainement, incapable de voler et d'emporter une charge militaire mais permettant aux pilotes de simuler réellement la phase de déclenchement et de tir de ce missile lors d'un entrainement et un nombre indéterminé de pylônes d'emport M299 pour missiles Hellfire.
  • un maximum de 310 bombes planantes GBU-39B/B LSDB, à savoir la version à guidage laser de la Small Diameter Bomb (LSDB) et 8 GBU-39B/B LSDB Guided Test Vehicles avec charge militaire.

Le contrat, dont le montant estimé est de 3,9 milliards de dollars (3,6 milliards d'euros), comprend aussi des postes de commandement utilisés pour piloter à distance les drones, de même que des pièces de rechange, un soutien général concernant les équipements et les munitions, les essais des équipements fournis, l'entrainement des personnels et le matériel nécessaire à cet entrainement, etc.

Il faut préciser que si la DSCA note que l'Inde pourra acheter des SkyGuardian, la liste de certains matériels pouvant être achetés, comme le radar Seaspray 7500E, démontre que le MQ-9B SeaGuardian, variante maritime du MQ-9B SkyGuardian, est aussi une option pour l'Inde. D'ailleurs, suite à la publication du communiqué de la DSCA, les médias indiens annoncent que près de la moitié des MQ-9B seront justement des SeaGuardian :

  • 8 MQ-9B SkyGuardian pour les Forces terrestres indiennes
  • 8 MQ-9B SkyGuardian pour la Force aérienne indienne
  • 15 MQ-9B SeaGuardian pour la Marine indienne

SkyGuardian et SeaGuardian

General Atomics Aeronautical Systems a développé le MQ-9B SkyGuardian afin d'offrir une solution moderne et plus efficace que le déjà très connu MQ-9A Reaper. Techniquement, ce nouveau drone vole plus longtemps (+40 heures contre 27 heures pour le Reaper) et dispose d'une capacité d'emport décuplée (2.155 kg en externe + 363 kg en interne contre 1.361 en externe + 386 kg en interne pour le Reaper). Mais comme l'explique Christophe "Taraz" Fontaine (interview ci-dessous), vice-président pour le développement des concepts et capacités de GA-ASI en Europe et au sein de l'OTAN, le SkyGuardian est avant tout un drone pouvant effectuer bien plus de missions que le Reaper, au sein d'espaces aériens non ségrégués, capables de voler en tout temps,... 

En ce qui concerne le SeaGuardian, variante spécialisée pour survoler les espaces maritimes, elle permet à GA-ASI de proposer un SkyGuardian avec des performances accrues dans le domaine aéromaritime. Comme expliqué précédemment, les SeaGuardian indiens pourront emporter un radar AESA Seaspray 7500E V2 (bande X, balayage du 360°) de Leonardo, capable de détecter des navires sur un rayon de 320 miles marins (soit 592,64 kilomètres). Le communiqué de la DSCA listait aussi des bouées sonars AN/SS-Q62F, AN/SSQ-53G et AN/SSQ-36 qui permettront aussi à ces futurs drones de mieux connaitre leur environnement maritime proche, que ce soit pour des cibles en surface ou sous la mer.

L'interview ci-dessous se termine par une capacité qui, dans le futur, pourra s'avérer intéressante pour la Marine indienne : GA-ASI a aussi développé un kit STOL (décollages et atterrissages courts) pour le SeaGuardian, lui permettant de décoller et apponter depuis des navires disposant d'un pont d'envol, comme les deux porte-avions indiens, INS Vikramaditya (classe Kiev modifiée, R33) et INS Vikrant (classe Vikrant, R11), et en fonction du design choisi, des quatre futurs navires de débarquements de la Marine indienne.

Une position géostratégique à tenir

Il faut rappeler que près d'un tiers du territoire indien donne sur une mer ou un océan. Ce sont donc des côtes, eaux nationales et à plus longue distance, zones économiques exclusives qu'il faut pouvoir surveiller et éventuellement dissuader la présence d'éléments nationaux hostiles ou même des actes de piraterie. L'Inde doit aussi faire face à la montée en puissance de la Chine et ce, jusqu'à ses côtes : l'économie chinoise est alimentée via un véritable cordon ombilical maritime de matières premières en provenance du Moyen-Orient et de l'Afrique. Si ce lien maritime passe au large de l'Inde, ce sont surtout les îles Andaman-et-Nicobar, territoires indiens, qui ont une valeure stratégique pour New Delhi, et ce, bien plus que la pointe sud du territoire continental de l'Inde. Cet ensemble d'îles verrouille à lui tout seul l'entrée du trafic maritime dans le détroit de Malacca, porte d'entrée en mer de Chine ou dans l'océan Pacifique, des dites matières premières. Ces îles regroupent déjà sept bases navales ou aériennes indiennes, dont la plupart sont en train d'être agrandies, modernisées,... Les bases aériennes de Kohassa et de Baaz ont d'ailleurs vu leur piste agrandie et rénovée afin d'éventuellement accueillir temporairement les avions de patrouille maritime P-8I Poseidon. De fait, les futurs drones SeaGuardian indiens, et leur endurance supérieure à 30 heures de vol, seront d'une grande aide pour soutenir les moyens navals et aéronavals indiens déployés autour de ces zones maritimes hautement stratégiques.

Représentation d'un MQ-9B SeaGuardian larguant une bouée sonar.
Représentation d'un MQ-9B SeaGuardian larguant une bouée sonar. © GA-ASI
Représentation d'un MQ-9B SeaGuardian larguant une bouée sonar.
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02/02/2024 19:28
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L'Inde peut acheter 31 drones MQ-9B pour 3,9 milliards $

Les États-Unis viennent d’autoriser l’Inde à acheter pas moins de 31 nouveaux drones de moyenne altitude et de longue endurance MQ-9B. L’Armée de terre indienne recevrait alors 8 MQ-9B SkyGuardian, de même que la Force aérienne indienne. La Marine indienne, suite aux nombreuses tensions maritimes dans la région, se taille la plus grosse part du contrat, avec pas moins de 15 MQ-9B SeaGuardian.

L'Inde peut acheter 31 drones MQ-9B pour 3,9 milliards $
L'Inde peut acheter 31 drones MQ-9B pour 3,9 milliards $

Le MQ-9B prochainement en Inde

Le 1er février, la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) a annoncé que l'Inde pouvait acheter jusqu'à 31 drones de moyenne altitude et de longue endurance (MALE) MQ-9B auprès de General Atomics Aeronautical Systems (GA-ASI). Des munitions sont également listées dans le communiqué de presse de la DSCA ;

  • un maximum de 170 missiles antichars AGM-114R Hellfire II, 16 M36E9 Hellfire Captive Air Training Missiles (CATM), soit des Hellfire d'entrainement, incapable de voler et d'emporter une charge militaire mais permettant aux pilotes de simuler réellement la phase de déclenchement et de tir de ce missile lors d'un entrainement et un nombre indéterminé de pylônes d'emport M299 pour missiles Hellfire.
  • un maximum de 310 bombes planantes GBU-39B/B LSDB, à savoir la version à guidage laser de la Small Diameter Bomb (LSDB) et 8 GBU-39B/B LSDB Guided Test Vehicles avec charge militaire.

Le contrat, dont le montant estimé est de 3,9 milliards de dollars (3,6 milliards d'euros), comprend aussi des postes de commandement utilisés pour piloter à distance les drones, de même que des pièces de rechange, un soutien général concernant les équipements et les munitions, les essais des équipements fournis, l'entrainement des personnels et le matériel nécessaire à cet entrainement, etc.

Il faut préciser que si la DSCA note que l'Inde pourra acheter des SkyGuardian, la liste de certains matériels pouvant être achetés, comme le radar Seaspray 7500E, démontre que le MQ-9B SeaGuardian, variante maritime du MQ-9B SkyGuardian, est aussi une option pour l'Inde. D'ailleurs, suite à la publication du communiqué de la DSCA, les médias indiens annoncent que près de la moitié des MQ-9B seront justement des SeaGuardian :

  • 8 MQ-9B SkyGuardian pour les Forces terrestres indiennes
  • 8 MQ-9B SkyGuardian pour la Force aérienne indienne
  • 15 MQ-9B SeaGuardian pour la Marine indienne

SkyGuardian et SeaGuardian

General Atomics Aeronautical Systems a développé le MQ-9B SkyGuardian afin d'offrir une solution moderne et plus efficace que le déjà très connu MQ-9A Reaper. Techniquement, ce nouveau drone vole plus longtemps (+40 heures contre 27 heures pour le Reaper) et dispose d'une capacité d'emport décuplée (2.155 kg en externe + 363 kg en interne contre 1.361 en externe + 386 kg en interne pour le Reaper). Mais comme l'explique Christophe "Taraz" Fontaine (interview ci-dessous), vice-président pour le développement des concepts et capacités de GA-ASI en Europe et au sein de l'OTAN, le SkyGuardian est avant tout un drone pouvant effectuer bien plus de missions que le Reaper, au sein d'espaces aériens non ségrégués, capables de voler en tout temps,... 

En ce qui concerne le SeaGuardian, variante spécialisée pour survoler les espaces maritimes, elle permet à GA-ASI de proposer un SkyGuardian avec des performances accrues dans le domaine aéromaritime. Comme expliqué précédemment, les SeaGuardian indiens pourront emporter un radar AESA Seaspray 7500E V2 (bande X, balayage du 360°) de Leonardo, capable de détecter des navires sur un rayon de 320 miles marins (soit 592,64 kilomètres). Le communiqué de la DSCA listait aussi des bouées sonars AN/SS-Q62F, AN/SSQ-53G et AN/SSQ-36 qui permettront aussi à ces futurs drones de mieux connaitre leur environnement maritime proche, que ce soit pour des cibles en surface ou sous la mer.

L'interview ci-dessous se termine par une capacité qui, dans le futur, pourra s'avérer intéressante pour la Marine indienne : GA-ASI a aussi développé un kit STOL (décollages et atterrissages courts) pour le SeaGuardian, lui permettant de décoller et apponter depuis des navires disposant d'un pont d'envol, comme les deux porte-avions indiens, INS Vikramaditya (classe Kiev modifiée, R33) et INS Vikrant (classe Vikrant, R11), et en fonction du design choisi, des quatre futurs navires de débarquements de la Marine indienne.

Une position géostratégique à tenir

Il faut rappeler que près d'un tiers du territoire indien donne sur une mer ou un océan. Ce sont donc des côtes, eaux nationales et à plus longue distance, zones économiques exclusives qu'il faut pouvoir surveiller et éventuellement dissuader la présence d'éléments nationaux hostiles ou même des actes de piraterie. L'Inde doit aussi faire face à la montée en puissance de la Chine et ce, jusqu'à ses côtes : l'économie chinoise est alimentée via un véritable cordon ombilical maritime de matières premières en provenance du Moyen-Orient et de l'Afrique. Si ce lien maritime passe au large de l'Inde, ce sont surtout les îles Andaman-et-Nicobar, territoires indiens, qui ont une valeure stratégique pour New Delhi, et ce, bien plus que la pointe sud du territoire continental de l'Inde. Cet ensemble d'îles verrouille à lui tout seul l'entrée du trafic maritime dans le détroit de Malacca, porte d'entrée en mer de Chine ou dans l'océan Pacifique, des dites matières premières. Ces îles regroupent déjà sept bases navales ou aériennes indiennes, dont la plupart sont en train d'être agrandies, modernisées,... Les bases aériennes de Kohassa et de Baaz ont d'ailleurs vu leur piste agrandie et rénovée afin d'éventuellement accueillir temporairement les avions de patrouille maritime P-8I Poseidon. De fait, les futurs drones SeaGuardian indiens, et leur endurance supérieure à 30 heures de vol, seront d'une grande aide pour soutenir les moyens navals et aéronavals indiens déployés autour de ces zones maritimes hautement stratégiques.

Représentation d'un MQ-9B SeaGuardian larguant une bouée sonar.
Représentation d'un MQ-9B SeaGuardian larguant une bouée sonar. © GA-ASI
Représentation d'un MQ-9B SeaGuardian larguant une bouée sonar.


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