Des chars russes modifiés avec un lance-roquettes anti-sous-marins bientôt déployés en Ukraine... pour détruire des cibles terrestres
Des chars russes modifiés avec un lance-roquettes anti-sous-marins bientôt déployés en Ukraine... pour détruire des cibles terrestres
© Open sources

publié le 23 janvier 2024 à 13:10

753 mots

Des chars russes modifiés avec un lance-roquettes anti-sous-marins bientôt déployés en Ukraine... pour détruire des cibles terrestres

Après des blindés MT-LB et camions, les Forces armées russes ont désormais modifié deux chars de combat en les équipant de lance-roquettes RBU-6000. Cependant, ce système n’est pas du tout pensé pour frapper des cibles terrestres : c’est un système de lutte anti-sous-marine.


Un besoin en puissance de feu

Depuis le 23 septembre 2023, plusieurs images et vidéos confirment que les Forces armées russes en Ukraine ont déployé des véhicules blindés de transport de troupes MT-LB spécialement modifiés avec un lance-roquettes RBU-6000. Si cette "nouvelle" version du MT-LB ne fait que répondre à un besoin d'appui feu, il faut tout de même rappeler que le RBU-6000 est un lance-roquettes anti-sous-marin. De fait, ce dernier n'est en aucun cas précis et pas du tout pensé pour le combat terrestre. Il n'empêche, il peut tout de même être utilisé pour saturer une zone, mais encore une fois, avec une faible précision. Une récente vidéo, datée du 13 janvier 2024, montre d'ailleurs un de ces véhicules en train de tirer en Ukraine. Il faut préciser que la dernière partie de la vidéo montre également la grande dispersion des roquettes et de fait, la faible précision du système. Des images et vidéos datant du 25 novembre 2023 confirment que le RBU-6000 a aussi été fixé à l’arrière d’un camion 6x6 et qu’il a été utilisé dans la région de Kherson pour frapper des positions ukrainiennes

Au tour du T-80

Désormais, les Forces armées russes semblent s'intéresser à un nouveau châssis : celui du char de combat T-80. Une vidéo publiée le 22 janvier confirme qu'au moins deux T-80 ont vu leur tourelle enlevée et remplacée par un RBU-6000. Ce choix est étonnant car l'industrie de l'armement russe cherche à moderniser ou cannibaliser les nombreux chars soviétiques stockés (en grande majorité en plein air) afin de les envoyer en Ukraine. Serait-ce un manque de tourelles concernant les T-80 ? Ou un nombre trop important de châssis ? Peut-être un besoin de détenir des lance-roquettes blindés sur la ligne de front ? Questions actuellement sans réponse…

Il faut préciser que la vidéo ci-dessous n'est pas géolocalisée et qu'il s'agit plus que probablement d'un terrain d'exercice. Cependant, ces deux T-80 modifiés seront très probablement déployés - si ce n'est déjà pas le cas - en Ukraine aux côtés des autres RBU-6000 "terrestres".

Un système anti-sous-marin pas adapté

Quoiqu'il en soit, le choix du RBU-6000 pour frapper des cibles terrestres reste un choix très étonnant. Il n'est pas question de tirer des munitions guidées mais bel et bien des charges de profondeur (ogive de 25 kg) propulsées et pensées pour saturer un espace maritime où pourrait se trouver un sous-marin. Le système, en service depuis 1961, a été développé dans la seule optique de la lutte anti-sous-marine depuis des navires de surface. L'image ci-dessous montre d'ailleurs le lanceur RBU-6000 situé juste derrière la tourelle d’une frégate russe. Sa portée n'est également pas très grande car il ne peut tirer ses 12 roquettes de 213 mm qu'à une distance maximale de cinq kilomètres.

En ce qui concerne le choix du T-80, cette alternative s'explique peut-être par une volonté de tirer à très courte distance, améliorant de fait la précision. Cette option peut s'avérer utile dans le cadre d'une attaque sur une position ou en contre-attaque. Il n'empêche, la précision n'en sera que faiblement améliorée et le "lance-roquettes blindés" se trouverait à portée des armes antichars ukrainiennes. C'est aussi sans compter sur les drones FPV et autres drones suicides ukrainiens.

Enfin, dernier problème majeur concernant le lanceur : le rechargement. Sur les différents navires de surface, le RBU-6000 se recharge automatiquement ; le lanceur se positionne vers le bas et une trappe, en s'ouvrant, ouvre le tube à recharger. De cette trappe est amené une roquette depuis un stock de munition dans le navire. Ce système de rechargement automatique ne peut rentrer dans les camions, MT-LB et T-80. De fait, les RBU-6000 utilisés à terre doivent être rechargés à l'aide d'un autre véhicule, et plus que probablement, à la main ou via l'aide d'une grue.

Frégate lance-missiles russe Yaroslav Mudry (777, classe Neustrashimy) lors d'un transit dans la Manche (20 avril 2018).
Frégate lance-missiles russe Yaroslav Mudry (777, classe Neustrashimy) lors d'un transit dans la Manche (20 avril 2018). © Royal Navy
Frégate lance-missiles russe Yaroslav Mudry (777, classe Neustrashimy) lors d'un transit dans la Manche (20 avril 2018).
Commentaires
23/01/2024 13:10
753 mots

Des chars russes modifiés avec un lance-roquettes anti-sous-marins bientôt déployés en Ukraine... pour détruire des cibles terrestres

Après des blindés MT-LB et camions, les Forces armées russes ont désormais modifié deux chars de combat en les équipant de lance-roquettes RBU-6000. Cependant, ce système n’est pas du tout pensé pour frapper des cibles terrestres : c’est un système de lutte anti-sous-marine.

Des chars russes modifiés avec un lance-roquettes anti-sous-marins bientôt déployés en Ukraine... pour détruire des cibles terrestres
Des chars russes modifiés avec un lance-roquettes anti-sous-marins bientôt déployés en Ukraine... pour détruire des cibles terrestres

Un besoin en puissance de feu

Depuis le 23 septembre 2023, plusieurs images et vidéos confirment que les Forces armées russes en Ukraine ont déployé des véhicules blindés de transport de troupes MT-LB spécialement modifiés avec un lance-roquettes RBU-6000. Si cette "nouvelle" version du MT-LB ne fait que répondre à un besoin d'appui feu, il faut tout de même rappeler que le RBU-6000 est un lance-roquettes anti-sous-marin. De fait, ce dernier n'est en aucun cas précis et pas du tout pensé pour le combat terrestre. Il n'empêche, il peut tout de même être utilisé pour saturer une zone, mais encore une fois, avec une faible précision. Une récente vidéo, datée du 13 janvier 2024, montre d'ailleurs un de ces véhicules en train de tirer en Ukraine. Il faut préciser que la dernière partie de la vidéo montre également la grande dispersion des roquettes et de fait, la faible précision du système. Des images et vidéos datant du 25 novembre 2023 confirment que le RBU-6000 a aussi été fixé à l’arrière d’un camion 6x6 et qu’il a été utilisé dans la région de Kherson pour frapper des positions ukrainiennes

Au tour du T-80

Désormais, les Forces armées russes semblent s'intéresser à un nouveau châssis : celui du char de combat T-80. Une vidéo publiée le 22 janvier confirme qu'au moins deux T-80 ont vu leur tourelle enlevée et remplacée par un RBU-6000. Ce choix est étonnant car l'industrie de l'armement russe cherche à moderniser ou cannibaliser les nombreux chars soviétiques stockés (en grande majorité en plein air) afin de les envoyer en Ukraine. Serait-ce un manque de tourelles concernant les T-80 ? Ou un nombre trop important de châssis ? Peut-être un besoin de détenir des lance-roquettes blindés sur la ligne de front ? Questions actuellement sans réponse…

Il faut préciser que la vidéo ci-dessous n'est pas géolocalisée et qu'il s'agit plus que probablement d'un terrain d'exercice. Cependant, ces deux T-80 modifiés seront très probablement déployés - si ce n'est déjà pas le cas - en Ukraine aux côtés des autres RBU-6000 "terrestres".

Un système anti-sous-marin pas adapté

Quoiqu'il en soit, le choix du RBU-6000 pour frapper des cibles terrestres reste un choix très étonnant. Il n'est pas question de tirer des munitions guidées mais bel et bien des charges de profondeur (ogive de 25 kg) propulsées et pensées pour saturer un espace maritime où pourrait se trouver un sous-marin. Le système, en service depuis 1961, a été développé dans la seule optique de la lutte anti-sous-marine depuis des navires de surface. L'image ci-dessous montre d'ailleurs le lanceur RBU-6000 situé juste derrière la tourelle d’une frégate russe. Sa portée n'est également pas très grande car il ne peut tirer ses 12 roquettes de 213 mm qu'à une distance maximale de cinq kilomètres.

En ce qui concerne le choix du T-80, cette alternative s'explique peut-être par une volonté de tirer à très courte distance, améliorant de fait la précision. Cette option peut s'avérer utile dans le cadre d'une attaque sur une position ou en contre-attaque. Il n'empêche, la précision n'en sera que faiblement améliorée et le "lance-roquettes blindés" se trouverait à portée des armes antichars ukrainiennes. C'est aussi sans compter sur les drones FPV et autres drones suicides ukrainiens.

Enfin, dernier problème majeur concernant le lanceur : le rechargement. Sur les différents navires de surface, le RBU-6000 se recharge automatiquement ; le lanceur se positionne vers le bas et une trappe, en s'ouvrant, ouvre le tube à recharger. De cette trappe est amené une roquette depuis un stock de munition dans le navire. Ce système de rechargement automatique ne peut rentrer dans les camions, MT-LB et T-80. De fait, les RBU-6000 utilisés à terre doivent être rechargés à l'aide d'un autre véhicule, et plus que probablement, à la main ou via l'aide d'une grue.

Frégate lance-missiles russe Yaroslav Mudry (777, classe Neustrashimy) lors d'un transit dans la Manche (20 avril 2018).
Frégate lance-missiles russe Yaroslav Mudry (777, classe Neustrashimy) lors d'un transit dans la Manche (20 avril 2018). © Royal Navy
Frégate lance-missiles russe Yaroslav Mudry (777, classe Neustrashimy) lors d'un transit dans la Manche (20 avril 2018).


Commentaires